Au Sahara Occidental occupé, aux méthodes de manifestations classiques des ouvriers et retraités du phosphate, la réponse actuelle de l’occupant marocain est tout aussi classique. Ces dernières semaines, pour empêcher toute présence visible dans la rue, le président et des membres la coordination des ouvriers et retraités sahraouis de la société phosboucraa sont enfermés chez eux, empêchés de visites, encerclés ou même attaqués par la police marocaine. La maison du président de la coordination a été saccagée par la police qui a détruit également la caméra de sécurité .
Les revendications de l’organisation ne sont pas nouvelles -elles remontent à bien des années-et les manifestations – ou leurs tentatives – ponctuent régulièrement les impasses et la surdité de l’entreprise et des autorités d’occupation.
Le Maroc applique depuis 1976 une politique d’attractivité économique sur le Sahara Occidental qu’il occupe militairement. Cependant, les travailleurs de l’OCP n’en ont bénéficié que depuis une décennie et ils réclament toujours. Ils dénoncent les discriminations qu’ils ont subies, comme le remplacement arbitraire des cadres sahraouis par des colons marocains dès 1976, et réclament le rattrapage des indus ou trop payés par des compensations.
Ainsi, au Sahara Occidental occupé, les congés payés sont d’une durée légale de 54 jours, alors qu’au Maroc ils sont de 30 jours. Néanmoins cela n’est appliqué que depuis 2008 seulement pour les travailleurs de Phosboucraa. Cela fait donc 24 jours de congés annuels à compenser en fonction de l’ancienneté des travailleurs.
D’autre part, les travailleurs en territoire occupé sont exonérés d’impôts sur le revenu, sauf les travailleurs de Phosboucraa qui ont payé des impôts jusqu’en 2012. L’organisation estime les trop payés par tous les travailleurs à 320 millions de dirham, soit environ 31 millions d’euros. Ils demandent aussi que cela leur soit remboursé.
Ces revendications sont portées par les Sahraouis qui affirment que le jour où les dus seront payés, ils le seront aussi pour tous les travailleurs marocains qui n’osent pas revendiquer le respect de leurs droits.
Certaines mesures internes à l’OCP comme l’aide à l’acquisition immobilière et la priorité de l’embauche aux enfants des travailleurs, ne s’appliquent aux travailleurs de Phosbucraa que partiellement ou pas du tout.
Depuis 2012, l’OCP paye 25% du prix d’achat des maisons des travailleurs, et prend en charge 64% des intérêts du crédit bancaire sil y en a un. Le prix d’une maison est de 850 000 dirhams, 85.000 euros, environ. À ce jour, 84 travailleurs ont déclaré que leur dossier avait été rejeté sans explication, malgré le respect des conditions posées.
Les travailleurs revendiquent le respect de leur droit d’employés, dans un cadre, il faut le rappeler, où le phosphate est extrait de la mine par le Maroc en violation du droit international.
Le droit international affirme que cette activité d’extraction ne peut être légale que si elle a obtenu l’accord des représentants du peuple du territoire, le front Polisario. Ce dernier n’a jamais été d’accord avec l’utilisation des ressources naturelles du Sahara Occidental par le Maroc ou ses partenaires.
Équipe Média, le 14 octobre 2022
El Aaiun, Sahara Occidental occupé