Selon l’un d’eux, 9000 Sahraouis diplômés chômeurs sont inscrits auprès de la Wilaya de El Aaiun comme demandeurs d’emploi.
Nombreux d’entre eux manifestent régulièrement depuis des mois pour demander que cessent les discriminations à leur encontre et que soit respecté leur droit au travail, quand ce sont majoritairement les colons marocains qui sont embauchés au Sahara Occidental occupé.
Le 5 décembre 2015, Mustafa Terrab, directeur général de l’office chérifien du phosphate (OCP), une compagnie de phosphate appartenant au royaume du Maroc, a annoncé la création de 1270 emplois pour les Sahraouis sur le site de Fos Boukra. La démarche en plusieurs étapes consistait en la sélection de 500 premiers Sahraouis, envoyés en formation pendant 2 ans au Maroc avant de rejoindre le travail à l’OCP. L’annonce a été faite à l’occasion de la visite du roi du Maroc à El Aaiun à cette date.
Le 7 décembre 2016 l’OCP a publié sur son site web ses besoins en travailleurs. Les qualifications demandées étaient les suivantes : technicien, technicien spécialisé, diplôme universitaire de technologie (DUT), brevet de technicien supérieur (BTS), licence sciences et techniques (LST), maitrise sciences et techniques (MST), dans les filières : mécanique, électrique/ électronique, thermique et froid, chimie industrielle, génie civil.
Considérant que ce sont des filières et qualifications les moins accessibles aux Sahraouis et les moins choisies, la grogne des manifestants s’est accentuée, notamment actuellement, alors que les entretiens des recrutements ont été repoussés par l’OCP du 18 au 29 janvier 2016.
Pour certains manifestants diplômés chômeurs, comme Ahmed Haidar, l’annonce de décembre avait pour but d’apaiser les récriminations, et il est apparu que les profils recherchés sont en eux-mêmes discriminatoires, ce qui est un acte délibéré de la direction de l’OCP.
Quatre groupes des chômeurs sahraouis ont constitué une coordination et commencé à manifester dès le 7 décembre dernier. Ce sont les cadres (les masters), les OCP Skills, le groupe Ennhda (la renaissance) et le groupe El Amal (l’espoir).
Les manifestations se sont succédées dans plusieurs quartiers de la ville et simultanément.
27 chômeurs de la coordination ont mené une grève de la faim du 12 au 25 janvier, et subi tour à tour intimidation, blocus, menace de violence, coupure de l’eau et électricité, de la part des autorités locales aux ordres du gouvernement d’occupation et des forces sécuritaires. Voir l’article EM.
A Boujdour, le 20 janvier, plus de 200 Sahraouis chômeurs diplômés et citoyens solidaires se rassemblent dans une marche pacifique pour exprimer leur solidarité avec les chômeurs grévistes de El Aaiun, pour revendiquer le respect de leur droit au travail et bénéficier de leurs ressources naturelles.
Les forces d’occupations intervenues brutalement laissent plusieurs blessés. Les portes des maisons sahraouies du quartier Lakbibat et Um Lamhar sont défoncées par d’autres agents marocains et leurs habitants agressés.
Une quinzaine des sahraouis sont arrêtés et 3 entre eux transférés à El Aaiun pour comparaitre devant le procureur le 21 janvier, qui donne l’ordre pour les amener à la prison noire. Jeddna Lgrifa , Erraha Younes et ismail Saili sont accusés des motifs habituels contre les manifestants sahraouis pacifiques, soit attaque de fonctionnaire, destruction de bien public, entrave à la circulation.
A Essmara le 22 janvier 2015, « La coalition unie des chômeurs sahraouis » de Essmara organisent deux manifestations. Les banderoles des 70 manifestants revendiquent le respect de leurs droits au travail et dénoncent le pillage systématique des ressources naturelles du territoire. 4 chômeurs sont blessés suite à l’intervention violente de la police marocaine.
En 2011, l’OCP avait mené une opération annonçant le recrutement de 800 chômeurs licenciés ou diplômés. Ils ont appelé le groupe OCP Skills. Il était prévu que les chômeurs bénéficient d’une formation pendant deux ans, grâce à une bourse, avant de trouver une place dans l’entreprise.
400 d’entre eux sont restés à El Aain pour une formation de 2 ans à l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT) dans les filières : gestion du stock, secrétariat, développement entreprise. Ils sont reçu une bourse de 1100 dirham mensuel. (env 100 euros/mois)
80 ont suivi des diplômes de la filière développement social à l’école Isiam d’Agadir. Ils ont reçu une bourse de 2000 dirham mensuel (env 185 euros/mois) comme tous ceux qui ont quitté le Sahara Occidental.
200 sont allés à l’université Kadi Aaiad de Marrakech dans le développement durable.
60 à l’Ecole Nationale Supérieure d’Electricité et de Mécanique, filière dessin bâtiment et informatique, à Casablanca.
35 à l’université Bouchaaib Doukali de El Jadida dans les filières espace fragile + 2 en journalisme + 20 en communication, 20 à Ecole Nationale de Commerce et de Gestion.
20 en stage infirmerie à l’hôpital Zayed de Rabat
30 en gestion d’entreprise université Med 5 de Rabat
En 2013, à l’issu de leurs formations, ces 800 n’ont trouvé aucune place à l’OCP ni ailleurs au Sahara Occidental. Ils se sont constitué en groupe et gardent donc toujours le nom OCP Skills pour revendiquer ensemble le respect des promesses faites.
Le groupe manifeste régulièrement sans résultat. Fin 2015, quelques jours avant l’annonce de l’OCP, le groupe constitue la coordination déjà mentionnée.
La nouvelle annonce de l’OCP propose donc à 500 Sahraouis de partir 2 ans au Maroc en formation. Un scénario 2016 quasi identique à celui de 2011, qui n’a eu d’autres résultats que d’éloigner 800 Sahraouis, dont 600 femmes, de leur pays et famille, d’autant que les formations suivies pendant 2 ans ne sont pas agrées par l’Etat.
Equipe Média, El Aaiun, Sahara Occidental occupé
27 janvier 2016