Le 7 mai 2015, les chauffeurs de la compagnie de bus El-Karama, soutenus par leur entreprise, ont entamé un mouvement de grève en protestation contre les autorités marocaines et en particulier contre la préfecture de la police. Les chauffeurs de ces bus oranges sont en majorité des Sahraouis, comme le propriétaire de la compagnie, Brahim Joumani.
L’événement qui a déclenché le mouvement de grève est l’arrestation d’un de leurs bus, et sa confiscation et consignation dans le dépôt municipal. La société qui a protesté contre cette confiscation a aussi dénoncé l’importance du phénomène du transport clandestin, les taxis opérant sans autorisation, accusant des officiers et des responsables de gérer ce réseau par les moyens illégaux de la corruption.
Le 10 mai 2015 et en l’absence d’avancées dans les négociations avec les autorités, la société a décidé de fermer son siège, situé sur le boulevard la Mecque et de remonter les bus orange à Rabat.
28 premiers bus ont donc pris la route à destination de Rabat. Ils ont été arrêtés par la police marocaine au barrage nord de El Aaiun.
Le préfet et des hauts officiers de tous les services se sont déplacés pour négocier avec les représentants de la société et les chauffeurs, pour les convaincre de retourner à El Aaiun.
Les négociations se sont ensuite déroulées dans la Wilaya.
Les représentants de la société ont demandé que les plus de 1600 taxis sans autorisation, appelés par la population les kouairs, soient interdits.
En fait, 900 de ces petits bus appartiennent à des officiers de police et des FAR, qui louent leur véhicules 120 dirhams par jour à des chauffeurs.
Pour les autres, une centaine appartient à des Sahraouis, et le reste à des colons marocains qui ont été expulsés de Dakhla, Boujdour, Essmara, et des villes du sud du Maroc.
Le Wali et ses assistants se sont engagés à régulariser la situation rapidement. Les représentants de la société ont donc accepté de retravailler en attendant le résultat des promesses.
Les courses avec les kouairs, qui peuvent prendre jusqu’à 7 passagers, sont de 5 dh par passager, quelques soient les trajets. Ils travaillent jusque 23h. Ils roulent à l’essence ou au gaz pour certains qui ont été transformés par des mécaniciens.
Les bus oranges sillonnent la ville de 6 h à 21h, avec un passage toutes les 30 minutes. Ils vont jusqu’aux quartiers les plus éloignés comme le quartier 23 mars situé à l’est de la ville. Il passe à Rhaiba, le marché central, et va jusqu’à l’ancienne ville « Barrio Cementerio ». Le trajet, quel qu’il soit, coute 2 dh.
Il existe aussi à El Aaiun un parc de 1500 taxis privés agréés par la willaya pour 2000Dh par mois. Ils prennent en charge 3 ou 4 passagers qui payent 5 dh chacun, ou 10dh la course pour 3 et 20dh pour 4. Ils fonctionnent de 7h à 22h.
Le prix de l’essence est actuellement de 7,5 dirham.
Le 28 mai 2012, et pour la première fois depuis le début de l’occupation marocaine, le parc du transport public de El Aaiun avait demandé le renforcement de son service par 37 bus, destinés à assurer la liaison entre le centre et les quartiers en banlieue de la ville occupée.
La société El-Karama Bus de Brahim Joumani avait été sélectionnée suite à une procédure et sur un cahier des charges de gestion de qualité et de fiabilité, pour la ville qui connaissait une forte croissance démographique du fait de l’arrivée massive de colons marocains.
Au final, le résultat de cette protestation de l’entreprise de bus et sa dénonciation du transport illégal a été un contrôle plus actif de la police au moyen d’une intervention tordue : des kouairs marocains ont été verbalisés tandis que des kouairs sahraouis ont été confisqués.
Equipe Média, El Aaiun occupée
Le 16 mai 2015
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